Le pouvoir des médias
28052009Tout commence quand à Oaxaca, une des villes principales du sud du Mexique, un message interrompt tous les programmes télévisuels. Une personne du ministère de la santé annonce qu’une maladie de type grippe sévit dans le pays et que des mesures de précaution sont à prendre. Il faut fermer les fenêtres et éviter de sortir. De manière générale il faut se laver les mains fréquemment et éviter les contacts inutiles avec tout autre individu. Je regarde mon hôte, on sourit jaune. Je retourne dans ma chambre et je ferme la fenêtre en me disant : « C’est pas de chance, ça arrive pile quand je suis là ».
Entre amis, dans la rue, on commence à parler de l’Influenza, c’est son nom au Mexique. Le foyer principal semble être à Mexico, la capitale. Je m’y rends le surlendemain de cette annonce à la TV pour une dernière interview en Amérique Latine, avant mon passage vers les Etats-Unis.
Quand j’arrive à Mexico, en pleine journée, en pleine semaine, les rues sont curieusement peu animées. Beaucoup de commerces sont fermés. Parmi le peu de gens que je rencontre dans le métro, une personne sur 4 ou 5 porte un masque en tissus ou en papier. Les gens s’observent. Attention à ceux qui éternuent… Aller, je tousse, juste pour rire ?
Je retrouve les amis de mes parents chez qui je vais rester quelques jours. L’influenza est au coeur des discussions avec toutes les connaissances et même dans la rue. La psychose s’installe. « Chéri, tu ne trouves pas que le petit a le front un peu trop chaud ? »
Il y a ceux qui y croient et qui se calfeutrent ou se protègent, ceux qui n’y croient pas et continuent à vivre normalement voir même en provoquant les premiers en leur offrant une main bien tendue pour les saluer. Et puis il y a aussi ceux qui s’en remettent à Dieu comme me le confie une vendeuse de tacos dans la rue qui voit son négoce chuter à cause du manque de clients.
Dans les grandes surfaces, les employés portent des masques aussi. Les gens font des provisions, comme en temps de guerre, j’imagine. Il n’y a plus de sucre, plus de farine. Le savon et la vitamine C sont aussi pris d’assaut. Les grandes surfaces font des offres exceptionnelles sur des écrans plasmas, des livres. On attire le client comme on peut.
A la TV et dans les journaux, on continue d’en parler. Le nombre de morts augmente, mais tous les chiffres sont différents. Certaines personnes prises de panique quittent la capitale vers la côte, certains de manière déraisonnée.
Les expatriés qui vivent au Mexique sont constamment sollicités par leur famille et amis. « Comment allez vous ? Mettez bien vos masques. On doit vous cacher la vérité au Mexique, d’ici, depuis la France, on sait ce qu’il se passe. »
A qui se fier ?
Nous comparons alors les informations. Au JT en France : »les mexicains sont obligés de porter un masque par l’armée… ». Je suis sur place. C’est complètement faux. L’armée a distribué des masques pendant quelques jours au début de la psychose et sans obliger quiconque de les porter.
Ensuite, les gens ont éventuellement continué de se procurer les masques dans les commerces. Des jeunes businessmen en devenir vendent les précieux masques dans la rue à déroge encore à la pression sociale. Un reportage sur France 2 s’intéresse aux producteurs de masques en Thailande qui se frottent les mains de la situation au Mexique. La mondialisation médiatique, commerciale et celle de la peur sont bien réelles.
Les écoles, certains magasins ont été fermés. Les matchs de foot sont à huis clos. Interdit d’entrer dans les églises ! C’est dire à quel point le gouvernement prend au sérieux cette épidémie vite classée dans les pandémies. L’OMS s’agite, on compte les morts.
Au bout de 4 jours, 3 personnes sur 5 au lieu d’une, portent un masque (d’après mon observation des passants dans la rue qui vaut ce qu’elle vaut !). Au bout de 7 jours, le soleil calme les ardeurs. Les masques couvrent plus les gorges que les bouches. Les gens en ont marre.
Un expert sur France 2 nous rappelle que « la grippe <
Je pars finalement au bout de 8 jours. Les gens semblent regagner la rue, petit à petit Mexico se réveille. Si la menace est bien réelle, et les morts bien morts (!), la situation n’était apparemment pas si dramatique. Les médias ont fait leur travail. Alerter, inciter à prendre des précautions. En voyant les résultats et la réactivité du public pour suivre ces mesures, on ne peut que féliciter cette efficacité médiatique.
Que ferait le public en cas de fausse alerte fasse à ce tapage ? La même chose certainement…
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